Saison 1 : Circuit Chevauchée Cévenole
Deux journées, deux étapes par Stéphane et Martina
Episode 2
J2 – 15 juillet : VieljouvĂšs â Station du Bleymard-Mt LozĂšre
Direction le Mont LozÚre pour 40 km, et ⊠1300 m de dénivelé nous en séparent au petit matin !
Etape un peu longue mais la beauté des paysages estompera la longueur du parcours.
Nous quittons notre hĂŽte Ă 8h00 avec peu dâenchantement Ă reprendre le mĂȘme tracĂ© que la veille sur les premiers km, Ă la montĂ©e aujourdâhui, mais nous aurons lâagrĂ©able surprise de rencontres avec dâabord 3 petits sangliers et un peu plus loin un renard.
A partir du col de BougĂšs, nous nous offrons quelques trots.
Un peu avant le km 9, nous décidons de bifurquer sur la gauche vers le Grand Cougnet et de ne pas monter sur le Signal de Ventalon épargnant aux chevaux une petite centaine de mÚtres de dénivelé, ils en auront suffisamment pour la journée.
Nous retrouvons le GR7 et le tracĂ© « officiel » de la ChevauchĂ©e CĂ©venole tel que proposĂ© par FCTL au niveau de la cote 1149. Nous apercevons en contre bas dans le Valat de la Sube, le hameau de St-Maurice-de-Ventalon, puis nous continuons par (le col de) la Croix de Berthel (alt 1088 m). L’itinĂ©raire remonte Ă travers le Bois des RouviĂšres.
Du Plo de la Nassette, nous avons une portion qui monte raide, descend et remonte raide, telle des montagnes russes, les chevaux travaillent, il nâen demeure pas moins quâils ont de lâallant, ça fait plaisir.
Le terrain est en train de changer au niveau du Plo de lâEstrade et des Taillades, nous sortons de la partie boisĂ©e.
ArrivĂ©s au col, les efforts des montĂ©es prĂ©cĂ©dentes sont Ă nouveau rĂ©compensĂ©s par un magnifique point de vue sur un large plateau avec le hameau de l’Aubaret en contrebas, celui de la Vialasse un peu plus sur notre droite.

La végétation se raréfie ici : sur les herbes jaunies par le soleil, de gros rochers gris sont disséminés ici et là dans un chaos granitique.
Le temps de laisser souffler les chevaux et nous dâimmortaliser ces paysages pittoresques, câest sur une telle descente que nous atteignons le hameau de lâAubaret et trouvons un petit coin paradisiaque pour la pause du midi.

Nous nous posons au pied du vieux pont enjambant le Valat des Cloutasses, car ici coule une riviĂšre, Ă lâombre de 2 vieux chĂȘnes Ă gros glands, quoi de plus bucolique !?
Les chevaux demeurent lĂąchĂ©s, lâendroit forme un enclot naturel avec peu de risque de les voir sâĂ©chapper, ayant eau et une belle herbe Ă volontĂ© Ă leurs pieds.
Ce qui ne les empĂȘche pas de venir nous enquiquiner pour nous choper un bout de pain ou de pomme, quâils finiront par avoir, du reste.


Mais la journée est encore longue, pas vraiment le temps de faire la sieste, il faut se remettre en selle.

Nous traversons le vieux pont, nous nous faufilons entre les bùtiments en bloc de granite du hameau, et laissant derriÚre nous la ferme, nous serpentons sur le chemin dans un chaos granitique surprenant, nous avons peine à trouver le tracé idéal pour les chevaux.

Au km 18, le sentier traverse des paysages de landes, de pĂąturages, de pelouses et de tourbiĂšres. Nous atteignons la Plaine du Tarn, face Ă nous un panorama dĂ©gagĂ© sur les crĂȘtes du Mont LozĂšre dont la pyramide du Pic de Cassini.

Assis au fond de ma selle, bercĂ© par le pas de mon barbe, jâadmire ces diffĂ©rents tableaux.

Peu aprĂšs, nous atteignons le Pont du Tarn, pont aux trois arches. Nous sommes aux sources du Tarn, et nous ne sommes pas seuls, retour Ă la civilisation. Sans surprise, câest le point de chute de nombreux randonneurs, cyclistes et promeneurs du dimanche⊠Plusieurs familles et divers groupes sont installĂ©s, venus passer la journĂ©e entre baignade et pique-nique, nous nous sentons lâattraction dâun instant. L’eau y coule limpide sur un lit sablonneux et de galets. Des Ăźlots de granite parsĂšment la riviĂšre avec des abords d’herbes tendres. Les chevaux sâen rĂ©galent un instant et sâabreuvent Ă volontĂ©, June se rafraĂźchi.
Dommage que le temps nous soit comptĂ©, nous nous serions bien posĂ©s un instant, Ă lâĂ©cart, pour se tremper les pieds.

Nous quittons ce magnifique paysage, le GR7 se poursuit sur une large piste poussiĂ©reuse entourĂ©e de pĂąturages Ă vaches. AprĂšs un dernier regard sur le pont, nous prenons le trot un instant, la piste sablĂ©e offrant un terrain souple Ă souhait, puis traversons le hameau de lâHĂŽpital (nom significatif parce quâau moyen Ăąge les chevaliers de Malte, revenus des croisades, s’installĂšrent alentours, mais Ă mon grand dam, je ne verrai aucune gravure de Croix de Malte).
Le sentier grimpe, grimpe au milieu d’un chaos de granite envahi de genets, les hauts pĂąturages ondoient Ă perte de vue, les horizons se voilent de bleu de blanc.

Au km 23, Ă Salarial nous quittons le GR7 pour prendre la piste en contrebas passant par le Cros, et plus haut au niveau du Parking, cote 1487, nous Ă©viterons la portion de goudron mais serpentons dans une belle forĂȘt de sapins, sur ce qui doit ĂȘtre les pistes de ski de fond de la station, avec un joli sol herbeux, tendre. Du col de Finiels aprĂšs une pause bien mĂ©ritĂ©e, nous prenons et suivons le sentier de dĂ©couverte, contournant le sommet alt. 1667 âŠ

⊠Et aprĂšs une splendide journĂ©e, avec pas moins de 1300 m de dĂ©nivelĂ©, nous gagnons les crĂȘtes culminantes des CĂ©vennes, derniers pas jusquâau Sommet de Finiels alt 1699 m : vue Ă 360° sur les vallĂ©es cĂ©venoles.
Pas de vue sur les Alpes, mais sur le Causse Méjean, les sommets de BougÚs, le parcours du jour, que de kms parcourus.

Nous resterions bien encore mais une longue journĂ©e derriĂšre nous, le ciel sâĂ©tant bien obscurci, l’orage menaçant et lâair rafraĂźchissant nous incitent Ă prendre la descente pour effectuer les derniers km qui nous sĂ©parent du refuge de ce soir, je pense que nous serons les derniers randonneurs de la journĂ©e Ă arpenter le sommet.
La vĂ©gĂ©tation s’orne de tulipes sauvages, de genĂȘts, de bruyĂšres, de canches flexueuses, de fĂ©tuques, mon barbichon tend lâencolure pour saisir quelques brins, je lui rappelle le « manger-marcher » appris chez son Ă©leveuse, et moi qui herborise de plus en plus (sans cueillir).

Vers 18hr30, arrivée au Refuge du Mont LozÚre dans la station de ski du Bleymard-Mont-Lozére.
Nous sommes attendus, seuls cavaliers de la soirĂ©e, nos hĂŽtes trouvent nos arabes petits Ă comparer aux selle-français quâils ont accueillis les jours prĂ©cĂ©dents, «oui mais les nĂŽtres se veulent endurants et agiles đ ». Nous installons les chevaux dans leur parc, foin Ă volontĂ© ici, nous pouvons nous servir, il fera peut-ĂȘtre un peu froid cette nuit.

AprĂšs la douche, nous descendons pour lâapĂ©ro-diner, chacun sa table ici, avant dâaller nous coucher la tĂȘte pleine de magnifiques paysages
J3 – 16 juillet : Mont-LozĂšre â Ispagnac
Et 40 km Ă nouveau.
DĂ©part du refuge aprĂšs une bonne nuit rĂ©paratrice, un peu tard, avec un ciel gris et un lĂ©ger crachin, le temps nâest pas favorable mais les chevaux sont en forme, nous traversons les pistes de la station.
Les paysages emblĂ©matiques du Mont LozĂšre se dĂ©ploient devant nous : les pelouses dâaltitude dâherbes rĂȘches et les landes rases couvrent toute sa longue croupe battue par les vents. Quelques Ăźlots de bruyĂšres, de genĂȘts et quelques plants de chardons et diverses fleurs semblent parvenir Ă sâimplanter Ă grand peine Ă lâabri des rochers.
Nous suivons la Route -panoramique- des ChĂŽmeurs (pas les chevaux !), longeant +/- la courbe de niveau de 1550 m, sur une dizaine de km en pleine lande, nous nous permettons quelques allures (je sais que certains la font quasiment tout au galop), nous nous croirions presque ailleurs dans des steppes lointaines, mais ĂȘtre ici est dĂ©jĂ un voyage.

Mon barbe ralentit Ă petit pas, sâarrĂȘte, tend les oreilles en avant, nous avons le plaisir de croiser un important troupeau de moutons transhumants accompagnĂ© de leurs bergers, parcours dâovins rĂ©cemment rĂ©activĂ©s comprends-je, Vanrex montrant quelques signes de ⊠curiositĂ© pour ne pas dire nervositĂ©, mais restant digne.

Nous croisons également plusieurs pùturages à vaches, de belles Aubrac avec leurs robe fauve et leurs belles cornes pointues, accompagnées de leur taureau, plus foncé. Au loin résonne le son de leurs cloches, à notre passage, ses demoiselles se lÚvent réguliÚrement pour nous saluer.
Au km 10, nous rentrons dans la ForĂȘt Domaniale des Laubies, une des nombreuses plantations de conifĂšres installĂ©es par lâhomme, pour quelques km avant de revenir dans la lande et de tomber sur la Croix de MaĂźtre Vidal, belle croix de pierre de granite sculptĂ©e.

Permettez-moi de vous conter la lĂ©gende de ladite croix et de Maitre Vidal que jâai dĂ©couvert en prĂ©parant notre randonnĂ©e.
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Maitre Vidal Ă©tait un riche propriĂ©taire de troupeaux de moutons ; lors de ses sĂ©jours sur le mont LozĂšre rendant visite Ă ses bergers faisant paitre ses bĂȘtes Ă la belle saison, il avait rencontrĂ© une jolie lozĂ©rienne dâun hameau voisin et lui fit une cour assidue.
A la fin de la belle saison il s’attarda sur les hauteurs malgrĂ© les avertissements de ses bergers qui repartirent sans lui. Il se fit surprendre par le mauvais temps et pĂ©rit dans une grosse tempĂȘte de neige. Câest Ă lâendroit oĂč lâon retrouva son corps pĂ©trifiĂ© que lâon dressa cette superbe croix de pierre devenue un jalon de chemin de randonnĂ©e.
Ses chiens trouvĂšrent refuge dans un amoncellement rocheux qui surplombe l’Ă©tang de Barrandon, ils survĂ©curent Ă l’hiver mais la faim les rendit fous.
Ils donnĂšrent le nom Ă ce lieu qui s’appelle aujourd’hui le Roc des chiens fous.
La lĂ©gende dit qu’au printemps suivant une jeune femme du hameau voisin prit les habits noirs d’une veuve et les garda jusqu’Ă la fin de sa vie.
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Sur notre gauche nous embrassons du regard pratiquement tout le plateau de la cham des Bondons que nous parcourrons cette aprĂšs-midi, nous pouvons observer les puechs, lâEsquine dâAze et, au loin, les gorges du Tarn et le causse MĂ©jean, et, au fond par-dessus, les sommets de lâAigoual. Le soleil pointe le bout de son nez.
Nous dĂ©filons entre le Roc des Chiens Fous sur notre gauche, la Serre des Countrasts sur notre droite puis, nous surplombons la combe de lâĂ©tang de Barrandon que nous apercevons au-dessus de la cime des arbres.
Et vers midi, nous nous offrons une superbe halte pique-nique sur les rives de lâĂ©tang, les loulous Ă lâattache, tranquilles.
Ce sont les eaux fraĂźches provenant du Mont LozĂšre qui nourrissent cet Ă©tang et qui confĂšrent aux truites une qualitĂ© remarquable soi-disant, parce que cet Ă©tang est un Ă©tang de pĂȘche, familiale.
Le paysage est Ă la fois sĂ©vĂšre et grandiose, aprĂšs les steppes mongoles, nous avons lâimpression dâĂȘtre dans un paysage canadien entre forĂȘts et lacs.

Un parterre de Jasione des montagnes mâĂ©merveillera.
Le pĂąle soleil nâest pas suffisant pour une sieste et nous repartons, la descente Ă travers la ForĂȘt des Laubies sera trĂšs sympathique et variĂ©e alternant piste enherbĂ©e et pierreuse, single, vĂ©gĂ©tation dense.
Puis arrivĂ©, sur les Terres Blanches, je partage un petit secret entre nous, vous pourrez trouver quelques framboises sauvages Ă cette pĂ©riode. A la cote 1179, au niveau de la route, nous faisons lâerreur de ne pas suivre l’itinĂ©raire Ă©questre de FCTL et de filer tout droit sur le Rocher de la BarĂ que. Il sâavĂšre que câest un passage dĂ©licat avec plaques de rochers raides, que nous passerons sans encombre, nous demeurons attentifs, prudents et prenant soin dâanalyser le meilleur tracĂ©.
Presque imperceptiblement, je sens que Vanrex me donne sa confiance dans ses passages techniquement délicats⊠Aux pieds du Rocher, nous reprenons notre souffle avec la rafraichissante traversée à gué du ruisseau Bramont, en 2 bras, Vanrex faisant le délicat à ne pas vouloir traverser seul lùché

A partir du km 20, câest Ballade au Pays des Menhirs autour du site de Cham des Bondons, deuxiĂšme concentration mĂ©galithique en Europe aprĂšs celle de Carnac (Bretagne), avec 150 menhirs et 30 tertres funĂ©raires, un musĂ©e Ă ciel ouvert, nous en verrons 7 sur notre tracĂ©.
Mon barbe regarde ceux que lâon passe de prĂšs tĂȘte tendue, avec un pas ralentit, lĂ©gĂšrement en crabe, avant de reprendre bon train une fois la chose passĂ©e.

Plus loin, nous suivrons le GR970 le long de magnifiques passages avec à nouveau le granite qui affleure en chaos en blocs arrondis plus ou moins spectaculaires, aux formes sculpturales, parfois en équilibre qui nous interroge en passant dessous ⊠Les pistes sont herbeuses, des champs de fleurs nous entourent.

Un peu plus haut, nous traversons une forĂȘt dâĂ©pineux, le Col de Montmirat sâannonce et avec lui un tronçon de route que nous ne pouvons Ă©viter, ça roule vite (!) mais les loulous sont zen et restent en ligne.
Et nous nous lançons dans la descente par un sentier large et pierreux, tronçon des derniers kms de la cĂ©lĂšbre 160 de Florac (si tu en es lĂ un jour, ton cheval est un champion !), un peu plus bas ce seront de belles pistes galopantes et au dĂ©tour dâun virage de belles vues encore : nos yeux se portent au loin Ă lâhorizon sur le Causse MĂ©jean et le Mont Aigoual.

Plus bas, nous traversons le bel hameau de Lonjanes, Ă lâheure de lâapĂ©ro du soir, les autochtones nous confirment que le panneau « Route BarrĂ©e » ne lâest que pour les vĂ©hicules (en cas), lâĂ©pisode cĂ©venole ayant quelque peu dĂ©tĂ©riorĂ© la chaussĂ©e.
Nous longeons le ruisseau du Bramont (Ă priori le mĂȘme que plus haut) pour arriver au hameau de Cantonet, puis le camping de Ispagnac en bordure du Tarn, et un tronçon peu agrĂ©able de 500 m sur la D907 Ă lâentrĂ©e du village de Ispagnac, et enfin un dernier bon km pour monter jusque chez nos hĂŽtes.
ArrivĂ©e chez Pierre (Guide randonneur Ă la retraite et organisateur en son temps de la Course de Florac) et DĂ©a Amatuzzi sur les hauteurs dâIspagnac Ă 19hr, heureux de les retrouver un an aprĂšs. Nous passerons une excellente soirĂ©e en compagnie de cyclistes, de nos hĂŽtes et un de leur ami oranais dâorigine Ă nous conter lâhistoire et les beautĂ©s de son pays, de lâaccueil insoupçonnĂ© des algĂ©riens que nous aurions si nous partions en visiter leurs contrĂ©esâŠ